Au coeur de l’électrification : les ouvriers
Visages de l’énergie
18 novembre 2024
5 min
The vital role of workers in electrification

Quel est le point commun entre les voies ferrées, les équipements médicaux de pointe, les appareils électroménagers, et les réseaux électriques ? Les ouvriers qui les produisent. C’est grâce à leur travail et leur savoir-faire qu’existent ces équipements et infrastructures qui ont révolutionné nos modes de vie au quotidien.

Le métier d’ouvrier existe dans nos sociétés modernes depuis la révolution industrielle. Si on a plus souvent souligné les difficultés et les injustices auxquelles les ouvriers ont été historiquement confrontés, il est important de mettre en lumière leur rôle indispensable dans les progrès et les accomplissements de l’humanité.

Au fil du temps, l’histoire a transformé les ouvriers, tout comme ils ont transformé l’histoire, notamment à travers les profondes mutations sociales et techniques qu’ils ont vécues. De la construction des chemins de fer au voyage spatial, et de la construction des barrages hydroélectriques à l’électrification durable des sociétés, les grandes réalisations humaines ont été depuis trois siècles, et seront encore demain, rendues possibles par la valeur de leur travail

Des métiers en profonde mutation

Faisons un rapide retour en arrière. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la place des ouvriers dans nos sociétés a connu des transformations radicales, à la fois quantitatives et qualitatives :

  • Leur nombre a fortement diminué. Aux Etats-Unis par exemple, ils représentaient 25% des travailleurs en 1960, un chiffre depuis tombé à environ 8,5% en 2017, selon le Bureau of Labor Statistics (BLS) américain. Cette forte diminution a même amené certains intellectuels et politiques à imaginer des sociétés entièrement désindustrialisées et sans ouvriers, comme l’ancien secrétaire au travail des Etats-Unis Robert Reich qui décrivait dans son livre “The Work of Nations” en 1991 un avenir où l’économie américaine devenait une “économie de service” où la production industrielle serait très largement délocalisée. Pourtant, on reconnaît désormais l’importance de conserver des industries actives et implantées localement. L’heure est à la réindustrialisation, et donc, à la réhabilitation du rôle essentiel des ouvriers.
  • La nature-même des tâches a changé. Ce sont des métiers toujours plus techniques et complexes. L’ouvrier spécialisé dans une tâche unique et répétitive a laissé place à un travailleur polyvalent, détenteur de savoir-faire uniques, développés dans le cadre de son activité et lors de nombreuses formations poussées.

Ces évolutions s’accompagnent d’une attention croissante portée à leur sécurité. Plus question d’accepter silencieusement les accidents de travail comme étant inévitables : l’heure est au respect de la santé et du bien-être, et les industriels se donnent désormais pour objectif le Zéro Accident.

Worker safety is paramount

La sécurité avant tout

La sécurité des ouvriers est primordiale, surtout dans le secteur de l’énergie, où les risques peuvent être particulièrement élevés et les possibilités d’accidents nombreuses. Pour minimiser ces dangers, les industriels ont mis en place des stratégies globales, incluant l’aménagement sécurisé des usines et des machines. Toutefois ça ne suffit pas : des règles de sécurité strictes et une formation continue des ouvriers sont également indispensables. En effet, la connaissance des risques et des bonnes pratiques est la première étape pour prévenir efficacement les accidents, tout comme l’exemplarité à tous les niveaux de la chaîne.

Les dojos sécurité

La sécurité des ouvriers, qui représentent 65% des employés du groupe Nexans, est une priorité absolue.
Prenons pour preuve l’ouverture sur les sites de Nexans de “dojos sécurité”. Ces “dojos”, terme emprunté aux arts martiaux, désignent ici des espaces spécialement aménagés pour l’apprentissage et la pratique des règles de sécurité au sein de l’usine. Ils ont pour objectif de sensibiliser et former non seulement les employés, mais aussi les intervenants extérieurs, aux bonnes pratiques en matière de sécurité, notamment les Safety Golden Rules (règles d’or de la sécurité). Chaque mois, différents thèmes y sont abordés, et des activités sont proposées pour développer chez tous les ouvriers une véritable culture de la sécurité. L’un de ces dojos en Chine propose par exemple des compétitions pour tester de manière ludique les connaissances des règles et des bonnes pratiques. Un autre, au Qatar, illustre les 15 règles d’or avec des miniatures. Le dojo de Cobrecon, au Pérou, inauguré à l’occasion du premier Safety Day sur ce site, a réparti les ouvriers en deux groupes chargés de présenter l’un à l’autre ces mêmes règles d’or de manière complète. Et la liste est loin d’être exhaustive : les dojos rivalisent d’inventivité pour former leurs équipes au question de sécurité.

Electrification would never have happened without workers

Les ouvriers au coeur de l’électrification d’hier et de demain

L’électrification ne pourrait progresser sans l’implication cruciale des ouvriers.. Or elle a été un pilier du développement économique et social depuis la fin du 19e siècle. Elle a permis l’industrialisation, l’amélioration des conditions de vie, et continue aujourd’hui de jouer un rôle central dans la transition énergétique vers des sources renouvelables.

Cette dynamique se traduit par des chiffres frappants. En 2023, environ 16,2 millions de personnes travaillent dans le secteur des énergies renouvelables à travers le monde selon le Renewable Energy and Jobs – Annual Review 2024 récemment publié par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) et l’Organisation internationale du travail (OIT). Une grande partie de ces emplois est liée à des rôles techniques et de maintenance, principalement occupés par des ouvriers. Une étude récente de 2022 par McKinsey estime qu’environ 1,1 million d’ouvriers supplémentaires seront nécessaires pour la seule construction de nouvelles centrales solaires et éoliennes, auxquels il faut ajouter 1,7 millions de travailleurs pour assurer leur fonctionnement et leur maintenance.
Les réseaux électriques à haute tension, qui transportent l’électricité sur de longues distances, s’étendent déjà sur plus de 10 millions de kilomètres dans le monde, et continuent de se développer rapidement avec le besoin croissant lié à la transition énergétique : les ouvriers sont et seront de plus en plus essentiels à la construction et à l’entretien de toutes ces infrastructures.

Electrification would never have happened without workers

Les ouvriers du câble : entre inventivité, collaboration et excellence

Alors que la demande en énergie propre augmente, le rôle des ouvriers dans la qualité et l’innovation devient plus essentiel que jamais. La technicité croissante des métiers ouvriers est particulièrement marquée dans le secteur électrique et notamment dans la production de câbles. En effet, ils transforment des matériaux bruts tels que le cuivre, l’aluminium et le caoutchouc, en ces objets toujours plus performants et à la pointe de la technologie que sont les câbles électriques. Bien que les centres de recherche jouent un rôle majeur dans le développement de nouvelles technologies, les ouvriers, grâce à leur expérience sur le terrain, sont souvent les premiers à proposer des améliorations pratiques aux procédés de fabrication. Cette collaboration entre théorie et pratique est essentielle pour maintenir une industrie électrique à la fois innovante et efficace. Avec la maîtrise de compétences uniques, et le goût du travail bien fait, on voit grandir parmi les ouvriers du câble une culture de l’excellence et une véritable fierté d’exercer ce métier.

 

Ouvrir les portes de l’usine

De nombreuses usines Nexans organisent des journées portes ouvertes, donnant l’occasion aux ouvriers de faire découvrir à leurs proches leur lieu de travail. Les participants peuvent participer à divers ateliers pour mieux comprendre le fonctionnement de l’usine, les produits qui y sont fabriqués, ainsi que la réalité et la complexité des métiers ouvriers. Ces activités touchent à différents sujets comme les dernières innovations, les règles de sécurité, le numérique, ou encore le recyclage. Certaines sont conçues spécifiquement pour les enfants, comme des livres de coloriage sur le thème de l’électricité ou des jeux pour rendre la science amusante. En mettant à l’honneur les ouvriers et leur travail, ces Family Days participent donc à la revalorisation du métier et à la fierté ressentie par les travailleurs de l’exercer.

Les tâches sont donc de plus en plus complexes, mais il n’y a “pas d’école pour fabriquer un câble”, comme le résume Franck, premier opérateur à l’usine Nexans de Jeumont en France dans une des vidéos de notre série “Our industrial legacy”. Ce savoir-faire unique est transmis par les plus expérimentés aux nouveaux venus, et il est sans cesse enrichi par les trouvailles des uns et des autres. La collaboration entre les ouvriers au sein d’une usine devient alors une clé pour atteindre performance et qualité. Il est donc d’autant plus important que les équipes soient soudées et impliquées dans la qualité de leur travail : avec la fierté et le goût de l’excellence vient l’envie de transmettre.

L’évolution du métier est par ailleurs aujourd’hui accélérée par la robotisation et la numérisation de l’industrie. Certaines tâches, souvent les plus répétitives et pénibles, disparaissent au profit de nouvelles, davantage tournées vers la supervision de machines, leur maintenance, l’optimisation des flux et des opérations, impliquant davantage de formations et l’acquisition de nouvelles compétences. A l’usine Nexans d’Autun, par exemple, les caristes – historiquement responsables de conduire les chariots de manutention – se sont mués en techniciens formés à la supervision des machines qui opèrent désormais le “MégaMag”, gigantesque lieu de stockage vertical automatisé. Un dispositif qui suscite l’admiration et la fierté d’Arnaud, technicien Supply Chain à Autun, qui le qualifie de “sensationnel” dans la vidéo “Our industrial legacy” de cette usine. Cette introduction d’une technologie toujours plus avancée dans les usines a pour conséquence un besoin de formation à ces nouveaux outils, permettant aux ouvriers concernés d’étendre d’autant la palette de leurs compétences.

Robotization and digitalization are now speeding up job transformation

Le cockpit, exemple d’organisation collaborative grâce à la digitalisation à Autun

Désignée comme le “vaisseau amiral” du groupe Nexans par Ludovic, technicien MPPI, l’usine d’Autun a été pionnière dans sa transformation digitale vers l’industrie 4.0. Au cœur de cette mutation se trouve le “cockpit”, une salle de contrôle parfaitement insonorisée, dotée de nombreux écrans tactiles permettant aux ouvriers de consulter toutes les informations cruciales en temps réel. Cet espace collaboratif, qui permet de travailler en toute sérénité, loin du bruit de l’usine, a rapidement conquis les travailleurs.

Workers’ jobs have changed significantly

Le métier d’ouvrier a bien changé. Véritables artisans de l’électrification, ces travailleurs jouent donc un rôle essentiel dans la production de câbles et le développement des infrastructures énergétiques. Leur expertise, leur capacité à innover sur le terrain, et leur engagement envers la qualité et l’excellence sont autant d’atouts qui permettent à notre société de progresser vers un avenir plus durable. Dans un monde où la technologie évolue rapidement, il est crucial de reconnaître la valeur de leur contribution, leur habilité à transmettre et de leur offrir un soutien constant. Les entreprises du secteur, en investissant dans la formation et la sécurité, et en préservant ces métiers essentiels, jouent un rôle fondamental dans cette reconnaissance.

En protégeant ces emplois, nous assurons non seulement la pérennité des patrimoines industriel, mais nous participons aussi activement à la construction d’un avenir où l’innovation et l’humain continuent d’aller de pair.