Liaisons longue distance : le réseau électrique passe la vitesse supérieure
Énergies renouvelables
23 juillet 2024
14 min
Long-distance power lines

La prochaine fois que vous allumerez une ampoule, prenez donc le temps de vous demander d’où vient votre électricité. La réponse pourrait vous surprendre, car celle-ci aura peut-être parcouru des centaines, voire des milliers de kilomètres avant d’arriver chez vous.

De jour en jour, la production électrique devient plus renouvelable et plus interconnectée grâce au déploiement des réseaux sur de vastes étendues, à terre mais aussi en mer, où ils atteignent parfois des profondeurs impressionnantes.

Mais les choses n’ont pas toujours été ainsi.

Par le passé, le transport de l’énergie était sévèrement contraint par les technologies de câbles disponibles. Les pertes d’énergie étaient proportionnelles à la distance de transmission, ce qui entravait lourdement la transition vers des énergies renouvelables.

Mais grâce aux nombreux progrès réalisés dans la conception des câbles à courant continu haute tension (CCHT), les renouvelables prennent désormais le pas sur les énergies fossiles dans la production d’électricité.

CCHT : un facteur décisif pour l’avenir des renouvelables

Qu’elle soit implantée à terre ou en mer, l’exploitation des énergies renouvelables nécessite aujourd’hui des liaisons de transmission de plus grande capacité, capables de couvrir de plus grandes distances sans pertes en ligne, de plonger à de plus grandes profondeurs, et de résister à des environnements particulièrement hostiles.

C’est donc tout naturellement que le secteur se tourne vers les câbles de 525 kV CCHT à isolation en XLPE pour équiper les grands projets de renouvelables, et notamment pour l’exploitation commerciale de parcs éoliens offshore.

La transition vers les énergies renouvelables appelle de nouvelles méthodes d’équilibrage de la demande et la production d’électricité. Les interconnexions entre réseaux limitrophes illustrent bien l’approche contemporaine de cette problématique : à titre d’exemple, l’interconnexion entre les réseaux norvégien et allemand améliore la fiabilité des deux infrastructures en intégrant des sources d’énergie différentes et complémentaires.

Ce type de stratégie serait inenvisageable sans la mise en œuvre de systèmes CCHT, qui seront également essentiels pour la réalisation future d’interconnexions hybrides et de maillages entre les réseaux CCHT nationaux et les grands parcs éoliens en mer.

Certes, la complexité relative et le coût initial plus important des systèmes CCHT peuvent plaider pour le courant alternatif. Mais la minimisation des pertes, la facilité inégalée de pilotage des flux d’énergie et les capacités de démarrage au noir feront certainement pencher la balance en faveur des solutions CCHT.

Dans un rapport publié en janvier 2024, European offshore network transmission infrastructure needs, l’ENTSO-E estime qu’en 2050, 14 % des parcs européens de renouvelables en mer seront raccordés au moyen de liaisons hybrides multi terminaux.

Nexans Aurora and offshore wind converters

4 percées décisives pour les technologies de CCHT

Détaillons maintenant quatre innovations qui sont au cœur des liaisons longue distance.

Les GRT allemands TenneT, Amprion, et 50 Hertz ont été les premiers à développer et mettre en œuvre des technologies CCHT de raccordement de parcs éoliens en mer.

Leur approche a été récemment illustrée avec la standardisation des liaisons de 2 GW entre des parcs éoliens offshore et le réseau de transport, au moyen de systèmes de câbles sous-marins et terrestres de 525 kV. Dans un premier temps, une phase de qualification a permis aux fournisseurs de câbles de mettre au point et de valider leurs technologies ; ensuite seulement, les projets ont été attribués pour une mise en service prévue avant la fin de la décennie.

Les câbles sous-marins de 525 kV CCHT XLPE redéfinissent les limites des énergies renouvelables

La viabilité économique des projets d’énergies renouvelables repose sur la solidité et la fiabilité exemplaire des systèmes de câbles 525 kV. Ceci implique une exigence de qualité irréprochable à chaque étape de la chaîne de valeur, depuis la fabrication des câbles jusqu’à leur installation. Les fournisseurs de câbles ont su relever ce défi en agrandissant leurs sites de production, en construisant de nouvelles tours d’extrusion, en créant des laboratoires haute tension et en armant des navires câbliers de pointe.

Ce tour de force a largement sollicité, et amélioré, les processus existants d’évaluation de la maturité des technologies mobilisées. Le savoir-faire en matière de systèmes de câbles est au cœur même des projets de développement du Groupe Nexans, et constitue le point focal de ses procédures de contrôle qualité. En voici quelques exemples :

SURFICAL

Innover dans le contrôle qualité avec SURFICAL

SURFICAL est un jeu d’algorithmes d’inspection et de contrôle des surfaces développé par Nexans, spécifiquement conçu pour optimiser les processus de contrôle qualité lors des installations sur site. En associant un balayage 3D à des algorithmes dédiés, ce système repousse les limites de qualité et de fiabilité des jonctions de câbles : traditionnellement, les équipes d’installation procédaient à de simples contrôles visuels des jonctions, mais SURFICAL garantit une installation exempte de tout défaut.

Développer les premiers accessoires sans SF6 du monde

En 2023, Nexans a mené à bien les premiers essais de type du monde pour un système de câbles 525 kV CCHT équipé d’accessoires sans SF6. L’absence de SF6 dans les accessoires haute tension présente de nombreux avantages, dont :

  • la réduction de l’empreinte environnementale
  • des besoins en maintenance allégés
  • une fiabilité renforcée

La suppression du gaz SF6 dans les terminaisons de câbles réduit de 99 % leur potentiel d’émission de GES, et contribue à la transition vers des réseaux électriques plus durables.

HVDC cables

Une nouvelle ère pour la résilience et la fiabilité des réseaux

La plupart des systèmes 525 kV existants s’appuient sur une technologie déjà éprouvée, mais de nouvelles avancées permettent déjà d’entrevoir une fiabilité encore plus grande des réseaux.

  • À titre d’exemple, la recherche électrocinétique a récemment identifié de nouvelles surtensions transitoires dans les liaisons CCHT bipolaires, qui font l’objet d’essais à grande échelle.
  • De même, les liaisons multiterminaux présenteront vraisemblablement des profils atypiques de puissance et de tension en cas de défaillance, et les systèmes de câbles CCHT devront être testés en conséquence. Si les essais diélectriques sont routiniers dans la conception de câbles, incluant notamment les essais de choc de manœuvre et de choc de foudre, certaines formes d’onde peuvent entraîner des surtensions de plus longue durée.

Le palier à franchir peut sembler élevé pour les câbles de transport de 525 kV, mais les essais de qualification ont produit des résultats très prometteurs : en condensant l’équivalent de 40 années de sollicitations opérationnelles en une seule année de tests, ils ont établi que l’isolation des câbles vieillit peu et que les marges intrinsèques du système restent très importantes.

Diminuer le coût par mégawatt

La transition vers les énergies renouvelables nécessitera le transport de plus grandes quantités d’électricité, sur de plus longues distances, au travers de réseaux interconnectés. Ceci réduira le coût par mégawatt (MW) de la production d’électricité, confortant la viabilité économique des grands projets commerciaux, et notamment des projets ambitieux d’interconnecteurs.

En guise d’illustration, l’emploi pour la transmission électrique d’un unique circuit haute tension plutôt que de deux circuits de tension plus faible réduirait considérablement les dépenses d’investissement associées aux projets d’infrastructure. Dans le même temps, cette solution améliorerait l’empreinte environnementale en diminuant la consommation de matériaux rares.

Les câbles de tensions plus élevées permettent également de maîtriser les pertes en ligne, inversement proportionnelles au nombre de kilovolts. En limitant les pertes d’énergie lors du transport, les sites de production de renouvelables deviendront encore plus compétitifs à l’avenir.

 

Les câbles électriques, vecteur essentiel de la transition vers une énergie renouvelable

La transition vers les énergies renouvelables est indissociable des objectifs mondiaux pour le climat, et les câbles haute tension en sont un vecteur essentiel.

Des progrès remarquables ont été réalisés dans la technologie des systèmes CCHT. Désormais capables de transporter les énergies renouvelables à des puissances plus élevées, sur de plus longues distances et avec des pertes moindres par MW, les câbles CCHT faciliteront grandement la viabilité économique des projets de production à grande échelle d’énergies renouvelables, et tout particulièrement de l’éolien en mer.

Espen Doedens

Auteur

Espen Doedens est né en 1988 à Diever, aux Pays-Bas. Il a obtenu un Master (2012) et un Doctorat (2020) de l’Université de Technologie de Chalmers à Göteborg, en Suède. Ses principaux domaines de recherche sont les interfaces de câbles extrudés HVDC et les phénomènes DC (Direct Current). Actuellement, il travaille chez Nexans en tant que responsable produit et système pour la technologie des câbles extrudés HVDC.

Les câbles dynamiques ouvrent de nouveaux horizons pour le développement de l’éolien en mer
Énergies renouvelables
10 juillet 2024
12 min
Dynamic subsea cables

Saviez-vous que 80 % des fonds marins de la planète sont situés à des profondeurs inexploitables pour l’éolien offshore conventionnel ?

À mesure que l’énergie éolienne prend une importance croissante dans la production d’une électricité durable pour des millions d’utilisateurs, la maîtrise des vents puissants et réguliers qui soufflent loin du littoral devient également un enjeu majeur. Or les progrès réalisés dans la conception des câbles dynamiques haute tension (HT), essentiels à l’exportation de l’énergie des parcs en mer vers les équipements à terre, ouvrent depuis peu des possibilités inédites pour l’exploitation commerciale de l’éolien en mer.

Maîtriser la puissance du vent dans des zones précédemment inatteignables

L’éolien offshore recèle un potentiel immense et jusqu’ici inexploité. En effet, si la production actuelle d’électricité offshore est dominée par les parcs dits « posés », près de 80 % du potentiel mondial de production se situe dans des eaux de plus de 60 mètres de profondeur, ce qui présente des défis considérables pour l’ensemble du secteur du transport électrique.

Néanmoins, depuis trente ans l’éolien en mer joue un rôle de premier plan dans la décarbonation de notre énergie. Et d’après les prévisions du cabinet de conseil McKinsey, la capacité totale de production offshore, qui s’élevait à 40 gigawatts (GW) en 2020, devrait atteindre 630 GW en 2050.

Les eaux profondes étant présentes au large de la plupart des littoraux de la planète, la technologie des turbines flottantes est primordiale afin d’élargir l’accès à l’énergie éolienne dans les régions côtières, et de tracer ainsi pour de nombreux pays et zones géographiques une trajectoire viable vers la décarbonation de l’électricité. Cependant, le transport de cette énergie vers la terre ferme requiert des câbles HT dynamiques particulièrement robustes, capables de résister à l’environnement hostile de la mer.

Depuis la mer jusqu’à la terre : les percées technologiques qui conditionnent l’avenir des parcs éoliens flottants

L’un des principaux avantages d’une implantation plus éloignée des côtes tient tout simplement à la puissance des vents au large. Des vents plus forts et plus constants constituent une source d’énergie plus fiable.

Grâce aux dernières avancées dans la conception des câbles dynamiques HT, des turbines flottantes et des sous-stations électriques, la transformation de ces vents soutenus en énergie durable est désormais à notre portée.

Et c’est en s’appuyant sur ces innovations que des parcs éoliens flottants à grande échelle seront mis en service avant la fin de cette décennie au large de la côte ouest des États-Unis, comme des littoraux français et sud-coréen.

Cette révolution est d’ores et déjà en marche. Le premier projet attribué d’éolien flottant est situé en France, au large du sud de la Bretagne. Une fois achevé, ce projet colossal constituera le plus grand parc éolien offshore du monde : d’une capacité de 250 MW, ce site doublera à lui seul la capacité d’énergie éolienne actuellement installée en mer sur le continent européen.

Mais pour que ce projet soit couronné de succès, l’énergie produite devra encore être acheminée à terre, où elle sera ensuite transportée et consommée. Et c’est ici que les câbles d’exportation HT dynamiques jouent un rôle déterminant : la mise au point de câbles capables de résister aux contraintes des eaux profondes aura constitué un véritable tour de force, qui a nécessité de longues années de développement !

4 facteurs clés pour repousser les limites des câbles dynamiques HT

Relever les défis de l’avenir

Le secteur du oil & gas a accumulé une longue expérience dans la mise en œuvre d’équipements électriques sous-marins moyenne tension (MT), dont tous les enseignements sont mobilisés aujourd’hui pour concevoir les sous-stations des infrastructures éoliennes en mer. Cependant, les systèmes HT sont tout autre chose !

Les tensions plus élevées et les dimensions plus vastes des équipements sous-marins HT s’accompagnent de nombreuses difficultés supplémentaires en matière de conception et de manutention à terre, ainsi que d’exigences encore plus rigoureuses pour les plages de tolérance et l’étanchéité.

Tous les systèmes HT sous-marins, y compris les câbles, les éventuelles sous-stations et leurs connecteurs, doivent subir des essais méticuleux et suivre de longs processus de qualification. Il est fréquent que de nouveaux modes de défaillance apparaissent à mesure que nous approfondissons notre compréhension des équipements sous-marins à haute tension.

Lorsqu’elle sera devenue réalité, l’installation de sous-stations ou de convertisseurs sous-marins sur les planchers océaniques changera radicalement la donne. Elle ouvrira l’accès à de vastes gisements d’énergie inexploités à ce jour, tout en améliorant l’efficacité des infrastructures existantes. Cette percée marquera une étape majeure dans la transition vers l’énergie durable du futur, notamment en améliorant de manière significative la rentabilité de l’exportation de l’électricité offshore, ce qui diminuera les coûts de production et facilitera l’optimisation des ressources.

Floating offshore wind and dynamic subsea cables

Forger le maillon critique de l’éolien flottant

Essentiellement intactes pour l’heure, les zones d’eaux profondes présentent un potentiel très prometteur pour les parcs éoliens flottants. L’avenir de ce secteur naissant repose en grande partie sur les performances des câbles d’exportation, ce lien vital qui assure le transport de l’énergie jusqu’à terre. Nexans accompagne l’émergence commerciale de l’éolien flottant en développant des technologies de pointe pour ses câbles, et en élaborant des méthodologies de conception novatrices.

  • Une solide expérience des câbles dynamiques hybrides adossée à l’expertise du Groupe en matière de science des matériaux, de modélisation et de développement de logiciels. Nexans associe la maîtrise des câbles ombilicaux dynamiques et des systèmes de chauffage électrique direct (DEH, Direct Electrical Heating) à des compétences éprouvées dans le domaine des câbles sous-marins HT ; cette combinaison unique de capacités de conception et de savoir-faire de fabrication lui permet de modéliser, tester, qualifier et produire des câbles HT dynamiques.
  • En 2021, Nexans a réalisé une avancée majeure en qualifiant le premier câble dynamique de 145 kV pour une profondeur d’eau de 1300 m. Sélectionné pour équiper le projet Jansz-Lo, ce câble innovant ouvre de nouvelles perspectives pour l’éolien offshore flottant.

L’essor à venir des parcs éoliens flottants

Le grand large recèle des ressources abondantes, et d’une incontestable utilité dans la transition mondiale vers une électricité décarbonée. L’implantation de parcs éoliens flottants dans des eaux toujours plus lointaines et plus profondes est appelée à jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique.

L’amélioration significative des performances des câbles dynamiques HT sera déterminante pour la viabilité commerciale des parcs éoliens flottants. À ce titre, le câble Nexans de 145 kV qualifié pour une profondeur de 1300 m constitue une avancée technologique majeure, qui ouvre des possibilités nouvelles pour des projets en eaux profondes et dans des environnements marins hostiles. Cette innovation sera décisive pour l’avenir commercial de l’éolien flottant.

Dans un rapport publié en août 2023, le Global Wind Energy Council (GWEC) anticipe une forte croissance du secteur de l’éolien flottant avant la fin de la décennie, avec une capacité installée estimée à 11 gigawatts (GW) en 2030 et à 26 GW en 2032.

Dès 2031, l’éolien flottant représentera chaque année plus de 10 % des nouvelles installations éoliennes en mer. Ce poids relatif est d’autant plus remarquable lorsqu’il est rapporté à l’expansion rapide de l’éolien offshore dans son ensemble.

Cet essor contribuera fortement à l’intégration de l’électricité décarbonée dans nos infrastructures, accompagnant ainsi la réduction mondiale des émissions de CO2 et la transition vers une énergie plus propre.

Maxime Toulotte

Auteur

Maxime Toulotte est à la tête du département de marketing technique du groupe d’activités Generation & Transmission de Nexans, où il est responsable du développement et de l’entretien des relations avec les départements techniques et ingénierie des clients et partenaires du Groupe dans le secteur des câbles haute tension sous-marins.

Maxime a occupé différents postes de responsable des ventes et des appels d’offres ou encore d’ingénieur en chef sur des projets de câbles HT sous-marins.

Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en génie électrique de Grenoble INP.

La surveillance avancée au service de la fluidité du réseau de câbles sous-marins
Énergies renouvelables
28 juin 2024
10 min
Subsea cable monitoring

Une transformation monumentale est à l’œuvre dans le secteur des réseaux électriques. Poussés par la transition énergétique, de vastes parcs éoliens offshore émergent à travers le monde, promesses d’un avenir plus durable.

Connecter ces parcs isolés au réseau continental requiert l’intervention d’un héros incontournable, mais souvent oublié : le câble électrique sous-marin.

Il faut voir ces câbles comme les artères silencieuses du secteur de l’énergie qui transportent assez d’électricité pour éclairer des villes entières. Leur importance est indéniable : la moindre défaillance sur un câble à haute tension peut mettre en péril la sécurité énergétique.

Ces géants sous-marins s’étendent sur des centaines de kilomètres et sont confrontés à des défis bien particuliers. Contrairement à leurs homologues aériens, ils sont majoritairement invisibles, ce qui rend le travail de maintenance proactive à la fois essentiel et complexe.

Pourtant, récemment, une déclaration émanant de six pays de la mer du Nord et de l’OTAN a souligné l’importance de la sécurité et de la robustesse des infrastructures.

C’est là qu’intervient le principe de surveillance.

subsea cable monitoring

L’importance de surveiller les câbles sous-marins

Imaginez un peu : vous n’ignoreriez pas un cognement persistant dans le moteur de votre voiture. Si un cliquetis étrange n’est pas une cause d’alarme immédiate, il sert toutefois d’avertissement pour l’automobiliste qui doit faire un contrôle pour éviter une panne majeure. De la même manière, la surveillance des câbles sous-marins nous permet de diagnostiquer les problèmes potentiels avant qu’ils n’engendrent une crise.

Une panne soudaine sur un câble sous-marin perturbera le flux délicat d’électricité dans un réseau et pourrait déclencher divers événements, allant d’un changement de fréquence mineur à des problèmes plus graves tels qu’une baisse de tension qui empêche les appareils de fonctionner correctement. Dans les cas extrêmes, ce type d’incident peut même conduire à une panne totale ; une situation où des régions entières sont plongées dans l’obscurité, perturbant les feux de circulation comme les hôpitaux.

En surveillant constamment l’état des câbles sous-marins, nous obtenons des informations en temps réel sur les problèmes potentiels. Ces informations permettent aux opérateurs du réseau de prendre des mesures préventives. Ils peuvent par exemple rediriger l’électricité ou planifier une opération de maintenance avant qu’un problème mineur ne dégénère en crise totale.

Surveillance des câbles sous-marins : 3 défis majeurs

Toujours plus dépendants des sources d’énergie offshore, les opérateurs de réseau sont confrontés à des changements et à des défis. Voici quelques-unes des principales préoccupations :

1. La fin de la décentralisation

Traditionnellement, les données relatives à l’état des câbles étaient dispersées entre les salles de contrôle et les équipements locaux. Avoir une vision globale du système était ainsi quasi impossible. Imaginez dix médecins différents en train d’analyser votre état de santé, chacun avec ses propres rapports et interprétations.

Heureusement, la situation s’améliore. Nous assistons à une évolution vers des plateformes centralisées qui consolident les données provenant de sources différentes, offrant une vue complète et permettant une prise de décision plus rapide et plus éclairée.

2. Un déluge de données : Comprendre le bruit

Mais le chemin qui nous mène vers un système de surveillance vraiment robuste est parsemé d’embûches. Le volume de données générées par un réseau de capteurs représente l’une des principales difficultés. Imaginez être bombardé d’un flux de données continu provenant de mille capteurs différents… Comment identifier un imperceptible changement capable d’engendrer un dangereux incident ?

Une autre difficulté concerne la nature fragmentée de l’écosystème de surveillance. Les différents fournisseurs utilisent souvent des technologies propriétaires, ce qui rend difficile l’intégration des données provenant de divers systèmes de surveillance. Ceci crée un réseau d’informations enchevêtré qui entrave la réalisation d’une analyse efficace. La solution idéale réside dans des plateformes ouvertes qui s’intègrent parfaitement à diverses technologies de surveillance et qui offrent ainsi une vue unifiée de l’état du câble.

3. Les limitations imposées par des interconnexions plus longues

Les interconnexions sous-marines, ces câbles qui relient des réseaux éloignés par de vastes océans, posent un défi unique pour les techniques de surveillance traditionnelles.

Prenons par exemple l’ambitieux projet Great Sea Interconnector, un câble à haute tension qui s’étend sur une distance stupéfiante de 900 kilomètres pour relier les réseaux électriques de la Grèce et de Chypre.

À des distances aussi considérables, les méthodes de surveillance conventionnelles qui utilisent des fibres optiques souffrent d’une atténuation du signal : le message devient plus faible au fur et à mesure qu’il se déplace, ce qui rend plus difficile la détection des problèmes.

Pour relever ce défi, il est essentiel d’intégrer des technologies semblables à celles utilisées dans les câbles transocéaniques telles que des amplificateurs. Les amplificateurs augmentent la puissance du signal à intervalles réguliers le long du câble, garantissant ainsi une communication précise et fiable avec les systèmes de surveillance.

cable monitoring, optical fiber

5 techniques avancées pour la surveillance des câbles sous-marins

Heureusement, le monde de l’ingénierie des câbles peut compter sur de nombreuses solutions. Voici quelques technologies de pointe qui jouent un rôle essentiel dans la protection des câbles électriques sous-marins.

La surveillance et révolution de l’intelligence artificielle (IA)

L’IA fait bien sûr partie des révolutions les plus prometteuses pour la surveillance des câbles sous-marins.

En effet, le volume de données générées par les systèmes de surveillance avancés peut être étourdissant. C’est là qu’intervient l’IA en aidant à :

  • Filtrer le bruit et identifier les menaces : En analysant des modèles de données complexes, l’IA peut distinguer efficacement les bruits de fond et les menaces réelles. Cela permet aux opérateurs de concentrer leur attention sur les problèmes les plus critiques.
  • Analyse prédictive : L’IA peut exploiter les données historiques et les relevés de capteurs en temps réel pour aider à identifier les problèmes potentiels avant même qu’ils ne surviennent. Cela permet de faire une maintenance préventive et de minimiser les temps d’arrêt.

Ce qui nous attend : Une surveillance optimisée par des innovations continues

Imaginez un poste de travail intuitif qui affiche des données en temps réel, analyse les modes de défaillance et propose des actions correctives pour toutes vos ressources câblées en un seul endroit : voilà, en substance, l’avenir de la surveillance des câbles.

Il est primordial d’avoir accès à des solutions complètes de surveillance des câbles. Avoir une approche centralisée simplifie non seulement la gestion des câbles, mais permet également aux opérateurs de prendre des décisions éclairées rapidement et efficacement.

Nexans est à la pointe de ces innovations et a développé une solution qui n’est pas seulement une couche d’abstraction : c’est une plateforme de données polyvalente, avec des cadres numériques de pointe, un tableau de bord intuitif et des analyses harmonisées qui font entrer la gestion des données de câbles dans une nouvelle dimension. Elle intègre des informations provenant de diverses sources et présente une image claire de la santé du réseau.

Conçue pour évoluer, elle s’adapte parfaitement à la croissance du réseau. Cette solution offre des options flexibles avec un déploiement sur site ou un accès sur le cloud. La cybersécurité est une de nos priorités et la plateforme utilise les dernières technologies et processus de maintenance pour protéger les données critiques.

Integration of Nexans' platform - architecture schema

L’avenir de la transition énergétique dépend de ces gardiens silencieux du réseau que sont les câbles électriques sous-marins. Alors que nous exploitons l’énergie des parcs éoliens offshore, assurer une bonne surveillance des câbles devient indispensable. En relevant les défis de la gestion des données, de l’interprétation des signaux et de la fragmentation technologique, nous pouvons garantir la santé et la longévité de ces connexions sous-marines critiques.

Des technologies de surveillance innovantes peuvent aider ces discrets héros des fonds des mers à mener à bien leur mission, en veillant à ce que les lumières restent allumées et à ce que nos villes vibrent avec une énergie durable.

Aymeric André

Auteur

Aymeric André occupe le poste de New Solutions Manager chez Nexans au sein du département Sales & Marketing du Business Group Generation & Transmission.

En 2019, il a rejoint l’équipe Services and solutions de Nexans au sein du département Innovation et Développment en tant que responsable du Design Lab pour la surveillance des actifs afin de contribuer à l’amélioration des offres digitales de l’entreprise.

Auparavant, il a travaillé à l’Institut SuperGrid où il a dirigé un programme de recherche sur les technologies sous-marines à haute tension.

Câbles sous-marins : le futur de l’électrification durable
Énergies renouvelables
13 juin 2024
12 min
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L’électrification joue un rôle de premier plan dans la transition mondiale vers le zéro émission nette, notamment lorsqu’elle est alimentée par des énergies renouvelables. Tandis que nous cheminons vers un avenir toujours plus électrifié, il importe de nous intéresser aux aspects environnementaux des câbles qui irriguent notre quotidien en énergie.

La demande de câbles sous-marins est en plein essor, car ceux-ci sont essentiels afin de transporter la production croissante d’électricité de manière sûre et efficace. Grâce à d’incessantes innovations technologiques, les câbles sous-marins transmettent des volumes toujours plus importants d’énergies durables à des profondeurs et sur des distances jadis inenvisageables ; mais au-delà de leurs performances, il est également essentiel de veiller à leur durabilité tout au long de leur cycle de vie.

Voyons de plus près quelles sont les innovations à l’œuvre derrière cette mutation du transport d’électricité.

Câbles sous-marins : un impératif de durabilité

Soulignons tout d’abord les deux problématiques principales qui demandent examen :

1. Les composants des câbles

L’empreinte environnementale de la fabrication des câbles résulte en premier lieu des matériaux qui les composent. L’électrification de notre futur comporte en effet un coût environnemental, et ces matériaux en sont le premier facteur déterminant.

À commencer par le conducteur, constitué de cuivre ou d’aluminium, qui canalise le flux électrique. Cet élément représente une part significative des émissions totales de GES des câbles sous-marins, essentiellement due à la grande quantité d’énergie que requièrent l’extraction et l’affinage des métaux. Le recours aux énergies renouvelables dans la production de ces matières premières est primordial afin de maîtriser leur impact environnemental.

2. Des usages raisonnés pour répondre à la finitude des ressources

Saviez-vous que les câbles électriques peuvent contenir jusqu’à 80 % de cuivre ?

Métal par excellence de l’électrification, le cuivre est indissociable de la production de câbles. En effet, les remarquables propriétés de ce matériau en font un excellent conducteur électrique, et sa perméabilité au flux d’électrons permet de minimiser efficacement les pertes d’énergies le long des lignes de transport.

Les besoins croissants de l’électrification poussent mécaniquement la demande mondiale de cuivre à la hausse. Celle-ci devrait atteindre 39 millions de tonnes à l’horizon 2030, alors qu’elle ne s’élevait qu’à 13 millions de tonnes en 1995 et à 29 millions de tonnes en 2020, ce qui pourrait avoir à terme une incidence négative sur la disponibilité des ressources. Par ailleurs, l’extraction et la métallurgie du cuivre soulèvent aussi des enjeux sociaux et environnementaux : les conflits d’usage avec d’autres industries telles que la pêche, ou avec les communautés d’accueil affectées par ces activités, peuvent limiter l’accès aux gisements potentiels.

Tournons-nous maintenant vers les solutions innovantes qui joueront un rôle clé pour atténuer l’empreinte environnementale des câbles sous-marins.

Recycling aluminium from cables

3 innovations pour des câbles sous-marins durables

Tracer l’avenir de la durabilité : une révolution des esprits

Nexans se positionne en chef de file de cette transition. C’est ainsi que les fonderies du Groupe implantées au Canada, en France et au Pérou ont réutilisé près de 19 700 tonnes de chutes de cuivre en 2022. Nexans s’est également associé à Suez en 2008 pour créer la joint-venture RecyCâbles, devenue depuis le leader européen du recyclage et de la valorisation de câbles.

Voici trois exemples concrets d’innovations qui ouvrent de nouvelles perspectives prometteuses :

Remplacement du SF₆ et terminaisons GIS

Le remplacement du SF₆ comme isolant dans les terminaisons de câbles par des gaz isolants alternatifs (comme le g³ de GE) ou par des solutions sèches est essentiel. Cela permettrait de réduire le potentiel de réchauffement global (PRG) de plus de 99 % en cas d’émission accidentelle de gaz. Les fabricants de convertisseurs développent également des appareillages de commutation utilisant un gaz alternatif au SF₆, de sorte que ce gaz puisse être remplacé dans l’ensemble des systèmes de câbles à courant continu haute tension (CCHT).

L’utilisation de terminaisons GIS présente un double avantage : elle permet d’une part de réduire considérablement l’espace nécessaire dans les stations de conversion offshore, ce qui se traduit par une diminution notable de la taille de la plateforme du convertisseur et, par conséquent, de l’acier utilisé pour sa construction.

Le projet OceanGrid

Les programmes de recherche et d’innovation façonnent aujourd’hui les interconnexions durables et économiquement viables de demain. Le projet OceanGrid travaille en particulier au développement d’un nouvel alliage d’aluminium pour l’exploitation rentable de parcs éoliens offshore en Norvège, à l’horizon 2030-2050.

Offshore wind farm with focus on subsea cables and copper

La plateforme AluGreen

Au sein de la plateforme AluGreen, Nexans étudie des solutions innovantes pour valoriser les conducteurs en fin de vie en les intégrant dans la fabrication de câbles sous-marins neufs. AluGreen mobilise toute la chaîne de valeur de l’aluminium en Norvège pour faire émerger des modèles économiques pleinement circulaires.

 

Le monde poursuit son inexorable électrification, et les câbles qui canalisent cette énergie nouvelle nécessitent une mise à niveau de leur durabilité.

Les câbles sous-marins jouent un rôle critique dans le transport efficace des énergies renouvelables produites en mer. Cependant, leur propre empreinte environnementale ne doit pas être négligée.

Les méthodes de production et les matériaux traditionnels soulèvent d’importants défis, mais en améliorant les processus de recyclage et en développant des technologies novatrices, l’innovation technique nous montre la voie vers un avenir plus durable.

Audun Johanson

Authors

Audun Johanson est chef de projet R&D et nouvelles opportunités au sein du Business Group Generation & Transmission de Nexans. À ce titre, il pilote le développement technologique pour le futur de la transmission d’énergie, en se concentrant particulièrement sur l’éolien flottant et la circularité.

Il a rejoint Nexans il y a 10 ans après une formation en science des matériaux de l’Université norvégienne de sciences et de technologie.

Nils-Bertil Frisk

Nils-Bertil Frisk est Responsable Discipline pour les accessoires extrudés à courant continu (HVDC) au sein du Business Group Generation & Transmission de Nexans. À ce titre, il est chargé de développer, de maintenir et de normaliser le portefeuille d’accessoires pour câbles extrudés HVDC.

Nils-Bertil a débuté il y a 10 ans au département R&D de Nexans, où il s’est principalement concentré sur les accessoires extrudés HVDC.

Nils-Bertil est titulaire d’un master en génie électrique délivré par l’université de technologie Chalmers (Suède).

Les interconnexions sous-marines pour une électricité sans frontière
Énergies renouvelables
10 juin 2024
12 min
Subsea interconnections - Nexans Aurora

Imaginez un serpent géant d’acier et de cuivre à 3 000 mètres de profondeur sous la mer. Ce ne sont pas des créatures marines fantastiques, mais bien des câbles d’interconnexion !

Vous connaissez déjà sans doute les câbles de fibre optique sous-marins sans lesquels vous ne pourriez pas lire cet article. Des câbles bien plus imposants se trouvent aussi dans les profondeurs des mers et des océans : ceux qui permettent la transmission de l’électricité entre les pays.

Qu’est-ce qu’un câble d’interconnexion ?

Ces artères invisibles, véritables câbles à haute tension acheminés sous les mers, permettent l’échange d’électricité entre les pays.

Leur diamètre peut atteindre 300 mm et ils peuvent peser jusqu’à environ 140 kg par mètre… soit jusqu’à 9000 tonnes ! On parle bien là de colosses pesant l’équivalent de la Tour Eiffel.

Pour se figurer ce qui se trouve à l’intérieur, il suffit d’imaginer un gros sushi : leur corps, constitué de cuivre et parfois de fibres optiques, est protégé par une épaisse armure d’acier.

Anatomie d'un câble sous-marin
Anatomie d’un câble sous-marin

Ces câbles sous-marins sont fabriqués dans des usines ultra-modernes, où leurs différents éléments sont assemblés avec une précision millimétrique. Ils sont ensuite transportés sur des navires câbliers, qui les déroulent au fond de la mer.

Une véritable prouesse technologique qui permet d’acheminer l’énergie à travers les mers et les océans. Tout cela au service de la transition énergétique.

Les interconnexions sous-marines : quels avantages ?

Retour en arrière : ce sont deux décennies après la seconde guerre mondiale que les réseaux électriques, qui d’abord avaient été déployés sur leur base nationale, ont commencé à s’interconnecter.

Aujourd’hui l’Europe est le continent le plus avancé en matière d’interconnexions. Son réseau, extrêmement sophistiqué, s’appuie en partie sur ces câbles sous-marins.

Mais quels sont les avantages de ces interconnexions ?

Virtuous circle of interconnections

Un marché de l’interconnexion en plein essor

Sans surprise, le marché de l’éolien offshore et de l’interconnexion se développent considérablement. D’importants investissements sont à prévoir pour renforcer les interconnexions là où elles sont encore insuffisantes.

S’ils connaissent un essor certain en Amérique et en Europe, les câbles sous-marins se multiplient partout dans le monde. Par exemple, les gestionnaires des réseaux de transport d’électricité de la Grèce et de l’Arabie Saoudite ont scellé en septembre 2023 une alliance stratégique : la création de la “Saudi Greek Interconnection“, une co-entreprise dédiée à l’interconnexion de leurs réseaux électriques.

Les prévisions pour le marché des interconnexions en Europe

15%

de la production d’électricité
de chaque pays européen
devra être exportée d’ici 2030

97

projets d’interconnexion sont implémentés
en Europe, 21 sont en cours de développement

+72,000 km

de câbles HT sont à installer
entre 2020 et 2030

Pas d’interconnexions… sans navires câbliers

Ce sont les navires câbliers qui transportent puis déposent les câbles au fond des mers. Ces monstres d’acier pouvant atteindre plus de 100 m de longueur sont de véritables bijoux technologiques. Ils représentent donc un élément clé dans les processus d’interconnexions.

Afin de répondre à la demande croissante d’électrification, en particulier sur les marchés européens et américains, un nombre toujours croissant de navires nouvelles générations sont développés.

Parmi les navires câbliers de pointe, nous pouvons nommer Aurora. Ce géant des mers de 150 mètres de long, baptisé d’après la déesse romaine de l’aube, est un navire d’exception. Équipé d’une technologie de pointe, le Nexans Aurora est capable de poser des câbles sous-marins ultra-haute tension sur des milliers de kilomètres et à des profondeurs abyssales. Son rôle ? Connecter les parcs éoliens offshore aux réseaux électriques terrestres, et acheminer l’énergie produite par le vent vers nos foyers.

Aurora est le deuxième navire câblier de Nexans. Le Groupe est d’ailleurs en train d’ajouter un troisième navire à sa flotte : Electra.

Electra en quelques chiffres

2026

Lancement

Design & confort

Capacités supérieures

par rapport au navire Nexans Aurora

3

tables tournantes

13 500T

de capacité de chargement

Jusqu’à

4

posés à la fois

Un géant sous la Méditerranée : le Great Sea Interconnector

Parmi les plus imposants projets d’interconnexions sous-marines se trouve le projet Great Sea Interconnector (anciennement EuroAsia Interconnector). Ce colosse d’une puissance de 2 gigawatts, s’apprête à devenir le plus long et le plus profond câble sous-marin à courant continu haute tension (HVDC) au monde. Avec une longueur totale de 900 kilomètres, il plongera à plus de 3 000 mètres de profondeur, reliant les côtes grecques et chypriotes dans une étreinte électrique inédite. Le Great Sea Interconnector symbolise une nouvelle ère d’interconnexion énergétique. Il permettra à Chypre, jusqu’ici isolée du réseau européen, de se connecter à une source d’énergie stable et diversifiée, favorisant ainsi l’intégration des énergies renouvelables et réduisant sa dépendance aux combustibles fossiles. C’est aux équipes du Groupe Nexans qu’a incombé la mission titanesque de fabriquer cette interconnexion sous-marine, la plus longue et la plus profonde au monde. Un défi d’une ampleur exceptionnelle : la fabrication du Great Sea Interconnector nécessite des moyens colossaux et une logistique hors du commun ! Des kilomètres de câbles sont produits dans les usines ultra-modernes de Nexans, pour être transportés et installés dans les profondeurs de la Méditerranée.

Interconnections map

Alors, on résume ? Les géants invisibles que sont les câbles sous-marins d’interconnexion, enfouis au fond des océans, constituent de véritables autoroutes de l’énergie.

Ils jouent donc un rôle crucial dans la transition énergétique mondiale : ils permettent l’échange d’électricité entre les pays, favorisant l’intégration des énergies renouvelables, sécurisant les approvisionnements et contribuant à la baisse des prix.

Ces câbles représentent une prouesse technologique et un investissement colossal. Leur développement s’inscrit dans une dynamique continue. Ainsi, les câbles sous-marins d’interconnexion électrique sont des acteurs clés de la lutte contre le changement climatique et d’un avenir énergétique plus durable.

Interconnexions de réseaux en eaux profondes : l’articulation essentielle entre les renouvelables et la sécurité énergétique
Énergies renouvelables
30 mai 2024
12 min
Deep sea grid interconnectors

Les sources renouvelables d’électricité sont devenues un facteur déterminant de l’équation énergétique. Le rythme annuel de création de nouvelles capacités de renouvelables s’est pratiquement accru de moitié en 2023 pour atteindre près de 510 gigawatts (GW), soit le taux de croissance de plus élevé des deux dernières décennies, ce qui marque une étape importante dans la décrue des énergies fossiles. La transition vers les énergies renouvelables est cruciale pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, et pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, conformément à l’accord de Paris.

Mais alors même que les énergies renouvelables ont représenté une part record de 30 % de l’électricité produite dans le monde en 2023, la poursuite de cet essor dépend toujours plus fortement des interconnexions entre réseaux.

Interconnexion des réseaux : la clé de voûte de la sécurité énergétique

Les interconnexions forment un dispositif optimal pour assurer notre sécurité énergétique à l’échelle des régions et des continents :

  • Au sein des réseaux interconnectés, l’énergie est aisément transportée des régions où elle est excédentaire vers celles qui présentent un déficit de production. Ces échanges favorisent la sécurité énergétique globale, en diminuant la dépendance aux énergies fossiles dans les régions dont la production de renouvelables ne peut satisfaire la demande locale.
  • En équilibrant la demande et la production dans l’ensemble des réseaux interconnectés et en redirigeant les surplus vers les régions où la demande est la plus élevée, les prix de l’énergie sont maintenus à un niveau stable, ce qui encourage aussi les investissements futurs dans la production de renouvelables.
  • Les interconnexions ne relient pas seulement les réseaux de régions contiguës, mais aussi ceux de continents entiers, ainsi que les territoires insulaires et les sites offshore de production d’énergies renouvelables. Les zones d’eaux profondes ont longtemps constitué un obstacle à ces liaisons, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui grâce aux progrès réalisés dans la conception des câbles, aux nouveaux matériaux et alliages mis en œuvre, et à la mise au point de méthodes innovantes d’installation et de maintenance.

Les navires câbliers, joyaux technologiques au service des interconnexions

Les chantiers navals produisent un nombre croissant de navires câbliers de dernière génération, afin de répondre à la demande soutenue d’électrification et d’interconnexions.

En attendant le futur Nexans Electra, le Nexans Aurora est l’un des navires câbliers les plus avancés actuellement en service : ce géant des mers de 150 mètres de long, équipé d’une technologie de pointe, est capable d’installer des câbles à ultra haute tension sur plusieurs centaines de kilomètres, et à des profondeurs abyssales.

Grâce à ces colosses d’acier, les interconnexions nous affranchissent de notre dépendance aux énergies fossiles. Quatre innovations dans le domaine des câbles HT en eaux profondes sont particulièrement importantes pour relever ce défi majeur.

4 innovations qui changent la donne pour les câbles sous-marins

1. Interconnexions en eaux profondes

L’interconnexion des réseaux atteint non seulement des profondeurs impressionnantes, mais leur capacité est également passée de centaines de mégawatts à des gigawatts.

À ce jour, le système de câbles haute tension le plus profond installé est l’interconnecteur SaPeI, qui s’étend sur 435 kilomètres, reliant la Sardaigne et l’Italie continentale, atteignant une profondeur de 1 640 mètres sous le niveau de la mer.

Un exemple révélateur de cette révolution est le projet Tyrrhenian Links, actuellement en construction. Il reliera la Sicile à la Sardaigne et à la péninsule italienne. Il sera installé à une profondeur record de 2 200 mètres, pour une capacité de transport de 1000 MW. Tout cela est rendu possible grâce aux progrès des systèmes à courant continu haute tension (CCHT), qui peuvent acheminer des quantités d’énergie plus importantes sur de longues distances.

Si cette technologie est déjà disponible pour les eaux peu profondes, des défis techniques se posent lorsque la profondeur de l’eau augmente.

2. Les câbles sous-marins à isolation au papier imprégné : une fiabilité remarquable à l’épreuve des décennies

La première utilisation commerciale des câbles CPI remonte à 1954, avec la liaison CCHT entre l’île de Gotland et la Suède continentale. Depuis cette date, les câbles CPI sont la solution préférentielle pour tous les projets d’interconnexion CCHT sous-marine de plus de 500 kV, couvrant de longues distances à des profondeurs extrêmes.

En deux mots, un câble CPI est un type de câble spécifiquement conçu pour des applications sous-marines. Pour simplifier :

  • Composition : les câbles CPI sont constitués de multiples couches de ruban en papier de haute densité, enroulées autour du conducteur. Ces rubans sont ensuite imprégnés avec un composé d’une viscosité très élevée. Le composé revêt une importance cruciale, car ce liquide épais ne doit jamais migrer, même en cas de dégradation physique du câble.
  • Application : ces câbles sont utilisés pour transporter de grandes quantités d’électricité sur de longues distances, en milieu sous-marin. Ils sont particulièrement précieux pour les applications dépassant les 500 kV CC, et pour couvrir de longues distances.

Les câbles CPI présentent trois avantages indéniables dans le cadre d’applications sous-marines :

  1. Fiabilité : les composés à viscosité élevée empêchent toute fuite de courant, y compris lorsque le câble est endommagé, ce qui les rend plus fiables en milieu sous-marin par comparaison aux conceptions antérieures.
  2. Durabilité : certains câbles installés il y a plusieurs décennies sont encore en service aujourd’hui, ce qui témoigne d’une durée de vie remarquable.
  3. Tolérance aux grandes profondeurs : lorsque leur conception intègre les caractéristiques appropriées, ils peuvent être mis en œuvre à des profondeurs d’eau extrêmes.

En substance, le câble CPI est une technologie éprouvée et reconnue pour le transport efficace de grandes quantités d’énergie en milieu sous-marin, ce qui en fait aussi un gisement clé d’innovations dans ce domaine.

Le projet Great Sea Interconnector s’apprête à repousser encore les limites de profondeur des câbles sous-marins. Il reliera Israël, Chypre, et la Grèce en passant la Crète, à une profondeur atteignant 3000 m par endroits. La liaison de 900 km entre Chypre et la Crète sera réalisée par un câble bipolaire de 1000 MW qui facilitera les échanges d’électricité entre les deux pays et contribuera ainsi à leur sécurité énergétique.

3. De nouveaux principes de conception pour surmonter les inconvénients des câbles sous-marins

La principale difficulté de mise en œuvre de la technologie CPI réside dans le risque d’élongation du système d’isolation au cours de l’installation ou du relevage du câble.

Plusieurs approches permettent de pallier ce phénomène, que ce soit en se focalisant sur la conception des câbles, sur les conducteurs, sur les matériaux employés ou sur les méthodes d’installation.

Par ailleurs, des câbles extrudés d’une capacité de plus de 500 kV sont en cours de développement. L’extrusion présente l’avantage majeur d’une tolérance plus élevée à l’élongation que celle des câbles CPI, mais elle exige que le conducteur soit parfaitement étanchéisé en cas de dégradation du câble : à 3000 m de profondeur, la pression hydraulique est si importante que l’eau peut facilement s’infiltrer sur des dizaines de kilomètres le long du câble, entraînant des coûts de réparation très élevés.

4. Surveillance et réparation des câbles sous-marins : une priorité absolue

Le relevage et la réparation de câbles sous-marins installés à des profondeurs extrêmes présentent des difficultés non négligeables. Dans ce contexte, les plans de contingence sont d’une importance cruciale pour éviter les coupures de courant ou d’autres dysfonctionnements du réseau. Les accords d’inspection, de maintenance et de réparation (IMR) sont également essentiels pour mettre en place des opérations préventives afin de minimiser les risques de panne et de réduire les délais d’intervention en cas d’incident.

Tandis que la profondeur d’installation franchit sans cesse de nouvelles limites, la surveillance des câbles sous-marins est appelée à devenir un facteur critique de fiabilité pour les réseaux interconnectés.

Les réseaux interconnectés, catalyseurs de l’électrification durable du futur

Nexans est un acteur engagé de la révolution en cours dans le secteur du transport de l’électricité. De fait, le Groupe y joue un rôle de premier plan depuis de longues années : c’est en 1977 que Nexans a déployé pour la première fois des câbles CPI CCHT, afin de réaliser l’interconnexion sous-marine du Skagerrak entre le Danemark et la Norvège, et ce même câble est encore en service près de 50 ans plus tard. Nexans dispose aujourd’hui d’une solide expertise dans la fabrication, l’installation et la réparation de systèmes CCHT en eaux profondes, qui couvre à la fois les technologies CPI et extrudée.

Le Groupe réalise actuellement le projet le plus monumental qu’il ait jamais entrepris avec le Great Sea Interconnector, qui sera l’interconnexion sous-marine la plus longue et la plus profonde du monde. Ce projet colossal symbolise le passage dans une nouvelle ère des interconnexions, au prix d’une gigantesque mobilisation de ressources et d’une maîtrise sans faille des processus logistiques.

 

Le succès de la transition vers un avenir durable dépendra de la force et de la portée des interconnexions, et donc de la capacité d’innovation qui est indissociable des réseaux en eaux profondes. Ceux-ci sont les fils invisibles qui forment l’étoffe de l’énergie mondiale. Si leur développement se heurte encore à certains obstacles, les solutions sont toujours à notre portée.

Les réseaux en eaux profondes sont bien plus que de simples câbles jetés sur les fonds marins : ils forment les lignes de force d’un paysage énergétique plus sûr. Ils sont aussi la manifestation tangible d’un engagement collectif en faveur d’un avenir durable, animé par le potentiel infini des énergies renouvelables.

Robin Sangar

Auteur

Robin Sangar est ingénieur R&D au sein du groupe d’activités Generation & Transmission de Nexans. Il s’efforce de remettre en question le statu quo en proposant des solutions novatrices et en réunissant des personnes de toutes disciplines et de toute l’entreprise pour résoudre les problèmes.

Robin a occupé plusieurs postes au sein de Nexans, de l’appel d’offres aux projets et maintenant à la R&D.

Robin est titulaire d’une maîtrise en physique expérimentale de l’Université norvégienne de technologie et de science de Trondheim.

5 innovations qui vont transformer la transmission de l’électricité
Énergies renouvelables
23 mai 2024
10 min
Subsea electrical transmission

Plus vite, plus haut, plus fort — ensemble : la devise olympique pourrait aisément s’appliquer aux profondes mutations en cours dans le secteur de la transmission et de la distribution de l’électricité.

Tandis que la décarbonation de l’énergie devient une priorité au niveau mondial, une approche unifiée s’impose pour atteindre l’objectif de zéro émission nette à l’horizon 2050. Cette ambition implique en effet d’abandonner la combustion des énergies fossiles, et de transformer les réseaux électriques afin d’y intégrer des énergies renouvelables et intermittentes.

Le monde décarboné et électrifié de demain exige un réseau rénové, bien différent des infrastructures bâties après la Seconde Guerre mondiale sur lesquelles nous comptons encore aujourd’hui, et dont la modernisation sera impérative pour la décarbonation de l’électricité. L’émergence de nouvelles technologies de stockage jouera également un rôle crucial ; mais les interconnexions entre réseaux électriques seront tout aussi essentielles pour la transition vers les énergies renouvelables, car elles conditionnent la fiabilité et la stabilité des systèmes.

Selon un récent rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie, près de 80 millions de kilomètres de réseaux devront être créés ou rénovés d’ici 2040 — soit l’équivalent de la totalité des réseaux existants à ce jour — pour que les États soient en mesure d’atteindre leurs objectifs climatiques et d’assurer leur sécurité énergétique. En tenant compte uniquement de l’éolien offshore en Europe, il faudra ajouter entre 48 000 et 54 000 km de longueur de câbles haute tension d’ici 2050 pour atteindre les objectifs de l’éolien offshore des pays européens, selon le rapport TYNDP de l’ENTSO-E publié en janvier 2024.

Si les interconnexions mobilisent les experts depuis de longues décennies, deux paramètres majeurs les placent aujourd’hui au centre des débats : l’intensification du recours aux énergies renouvelables, et la vulnérabilité des réseaux existants face au changement climatique.

Interconnexion des réseaux : un facteur de fiabilité et de stabilité, qui réduit aussi notre dépendance aux énergies fossiles

En substance, les interconnexions sont les liaisons établies entre différents réseaux dits synchrones, car ils opèrent sur une même fréquence électrique. Ces liaisons permettent les transferts d’énergie depuis les zones géographiques dont la production est excédentaire, vers celles dont la demande dépasse les capacités de production locales. La maîtrise de ces flux régionaux minimise les risques de panne de courant, et favorise la fiabilité et la stabilité des infrastructures.

En outre, les interconnexions raccordent les îles et les continents aux zones où les énergies renouvelables sont abondantes, réduisant progressivement notre dépendance aux énergies fossiles. Les liaisons entre la Crète et la Grèce, entre Majorque et l’Espagne ou entre la Tasmanie et l’Australie illustrent bien cet avantage des interconnexions, qui affranchissent ces régions insulaires des modes plus polluants de production électrique en y favorisant le développement des renouvelables.

Voici cinq innovations qui vont porter la transmission de l’électricité à des niveaux de performance inédits.

Les interconnexions mondiales sont essentielles pour la viabilité des énergies durables, et pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Leur déploiement exigera de véritables tours de force pour concevoir, fabriquer et installer des câbles sous-marins en haute mer capables de transmettre des charges toujours plus élevées, et de traverser des zones géographiques inaccessibles jusqu’ici.

La surveillance de haute précision des câbles et leur conception extrêmement durable du point de vue environnemental sont deux autres facettes cruciales de l’innovation en matière de transmission de l’électricité.

Au-delà de la conception, de la fabrication et de l’installation des câbles CCHT pour les infrastructures de connexion, Nexans a également mené les premiers essais de type pour des câbles de 320 kV CCHT équipés d’extrémités isolées avec le gaz g3 mis au point par GE, et intègre une part toujours plus importante de métaux recyclés dans sa production de câbles. Le Groupe démontre ainsi qu’il est à la pointe de l’innovation dans son champ d’activité.

Dans les semaines à venir, nous vous inviterons à explorer dans le détail ces innovations qui s’apprêtent à révolutionner le secteur de la transmission d’électricité.

Maxime Toulotte

Auteur

Maxime Toulotte est à la tête du département de marketing technique du groupe d’activités Generation & Transmission de Nexans, où il est responsable du développement et de l’entretien des relations avec les départements techniques et ingénierie des clients et partenaires du Groupe dans le secteur des câbles haute tension sous-marins.

Maxime a occupé différents postes de responsable des ventes et des appels d’offres ou encore d’ingénieur en chef sur des projets de câbles HT sous-marins.

Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en génie électrique de Grenoble INP.

Les technologies de l’hydrogène : Au cœur de la course vers zéro émission nette
Énergies renouvelables
06 décembre 2022
8 min
hydrogen

La course au “zéro émission” est lancée et, pour franchir la ligne d’arrivée d’ici à 2050, l’industrie doit rapidement développer et implémenter des alternatives aux combustibles fossiles, devenus un fardeau environnemental. Mais quelles sources d’énergie ont le pouvoir de les remplacer ?

Bien que l’électricité soit le leader incontesté en matière d’alternatives énergétiques plus durables, l’électrification reste insuffisante dans les régions du monde isolées ou dépourvues d’infrastructures électriques solides. Et c’est sans parler des secteurs où les émissions de gaz à effet de serre sont dites “difficiles à abattre” comme la sidérurgie ou les mobilités intensives.

C’est là que l’hydrogène intervient. Ce gaz est déjà utilisé comme réactif chimique dans des industries telles que le raffinage du pétrole et l’agrochimie, à raison de 90 millions de tonnes par an. Un boom s’annonce, puisque la demande devrait être multipliée par 4, voire 6, d’ici 2050. La production par électrolyse de l’eau représenterait alors plus d’un quart de la demande mondiale d’électricité !

Décarboner l’hydrogène

Mais l’hydrogène est-il vraiment vertueux ? L’impact environnemental de ses procédés de production varie énormément. Cela a donné lieu à un système informel et déconcertant de classification par code couleur. Aujourd’hui, la grande majorité de l’hydrogène est issu du reformage du méthane à la vapeur, avec 10 kg de CO2 émis pour chaque kilogramme de H2. Ce type de production est responsable de 2 à 3 % des émissions mondiales de CO2, au même titre que le transport aérien !

Il est également possible de produire de l’hydrogène par électrolyse. Ce procédé, qui sépare les molécules d’eau en oxygène et en hydrogène, est gourmand en énergie : 50 à 60 kWh permettent de produire 1 kg d’hydrogène. Mais lorsque les électrolyseurs sont reliés à des sources d’énergie renouvelables, il est possible d’obtenir de l’hydrogène bas carbone.

Cependant, sa faible densité à température ambiante signifie qu’il doit être comprimé à des pressions élevées – jusqu’à 700 bars – ou liquéfié en le refroidissant à très basse température – -253°C (20K) – pour pouvoir le transporter et le stocker dans des volumes acceptables.

Par ailleurs, l’emprunte carbone de l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau dépend du mix énergétique de la source d’électricité. Dans certains pays où les centrales électriques au charbon sont nombreuses, la production d’hydrogène par électrolyse pourrait s’avérer plus émettrice en CO2 que le vaporéformage.

Des défis et de la pression

De nouvelles applications de l’hydrogène émergent dans les domaines de l’énergie et de la mobilité bas-carbone. Mais pour qu’elles voient réellement le jour, de grands changements doivent être opérés sur l’ensemble du cycle de vie.

Cela commence par la production. Pour que l’hydrogène contribue véritablement à un monde sans émissions nettes, l’énergie utilisée pour l’électrolyse doit provenir de sources renouvelables telles que des parcs éoliens et solaires terrestres ou offshore, que Nexans relie déjà. Cela aura un impact direct sur le prix de l’hydrogène, qui dépendra alors des coûts de l’électricité et des investissements dans les fermes de renouvelables et les électrolyseurs.

Une fois produit, l’hydrogène doit encore atteindre l’utilisateur final, et le choix des bonnes solutions de stockage et de transport pourraient faire la différence entre le succès et l’échec. Un seul kilogramme d’hydrogène occupe 12m³ à la pression atmosphérique, et de très hautes pressions (jusqu’à 700 bars) sont nécessaires pour ramener ce volume à des niveaux acceptables.

La solution ? Liquéfier l’hydrogène. L’hydrogène liquéfié est historiquement employé dans les industries de technologie de pointe telle que l’aérospatiale depuis des décennies, et de nouvelles applications de l’hydrogène liquéfié (LH2) apparaissent, comme par exemple :

  • Transport maritime d’énergie entre les lieux de production et de consommation. Le projet Hystra – qui consiste à produire de l’hydrogène en Australie et à l’expédier par cargo au Japon – a été une première mondiale, rendue possible grâce aux lignes de transfert cryogéniques haute flexibilité de Nexans. Plusieurs projets visant à déployer les infrastructures de transport maritime du LH2 démarrent actuellement dans les principaux ports maritimes afin de préparer le futur commerce mondial du LH2.
  • Aéronautique. Airbus a pour objectif de faire voler le premier avion commercial alimenté en LH2 en 2035. Cela impliquera une refonte radicale des infrastructures aéroportuaires pour fournir de l’hydrogène, de l’électricité et des carburants d’aviation durables, dans des lieux où la sécurité et l’espace au sol constituent des enjeux majeurs.

L’innovation à chaque étape

Nexans propose des technologies et solutions commerciales innovantes tout au long de la chaîne de valeur de l’hydrogène.

  • Du côté de la production, nous fournissons des solutions pour optimiser les dépenses d’exploitation et d’investissement liées à la production d’énergie renouvelable. Appliqué aux unités d’électrolyse, notre savoir-faire unique en matière de conception de réseaux électriques pourrait contribuer à l’optimisation des installations de production d’hydrogène.
  • Du côté du stockage et de la distribution, Nexans est depuis longtemps un pionnier des infrastructures d’approvisionnement en fluides cryogéniques. Nos lignes de transfert flexibles et isolées sous vide offrent des solutions faciles à installer, sûres et fiables pour le transfert de réservoir à réservoir du LH2. Notre installation “plug-and-play” est aussi simple que la pose d’un câble électrique et surpasse les systèmes rigides conventionnels en termes de rapidité de mise en œuvre. Nous avons récemment équipé les premiers systèmes de chargement au monde pour le transfert de LH2 de navire à terre à Kobe, au Japon, avec des lignes de transfert cryogéniques de grande longueur et de haute flexibilité, capables d’assurer des débits élevés, de nombreux cycles de flexion et une évaporation minimale.
Clean hydrogen policy priorities

Clean hydrogen policy priorities – Source: Irena

Le futur est hybride

Combinés intelligemment, l’électrification et l’hydrogène se complètent pour contribuer à un approvisionnement énergétique plus efficace et bas-carbone. En poussant plus loin la complémentarité entre les deux vecteurs énergétiques, nous développons actuellement de nouveaux concepts de lignes hybrides capables de véhiculer à la fois l’hydrogène et l’électricité dans le même système, notamment :

  • Systèmes ombilicaux sous-marins permettant de transférer l’hydrogène, les données et l’électricité entre les unités de production en mer, telles que les parcs éoliens ou les îles énergétiques, et la terre ferme ;
  • Systèmes supraconducteurs combinant le transfert de LH2 et la supraconductivité pour des autoroutes énergétiques hybrides capables de transmettre des quantités impressionnantes d’énergie sur de longues distances et de contribuer à la modernisation des réseaux électriques.

En fin de compte, la transition vers le “zéro émission” nécessitera une combinaison judicieuse de nombreuses sources d’énergie et technologies interdépendantes. Avec l’électrification, Nexans permet à l’hydrogène de devenir un élément sûr, efficace, économiquement et écologiquement viable de l’approvisionnement énergétique de demain.

Anthony Combessis

Auteur

Anthony Combessis est responsable de la Techno-plateforme Hydrogène, au sein de Nexans Innovation Services and Growth. Il est chargé d’identifier et de développer des innovations et de nouvelles opportunités de marché pour Nexans dans l’écosystème de l’hydrogène, avec un accent particulier sur les solutions cryogéniques. Anthony a rejoint Nexans en 2011 en tant que chef de projet R&D et travaille sur les propriétés électriques vs physico-chimiques des polymères, l’instrumentation et les nanocomposites. Il est titulaire d’un doctorat en nanocomposites polymères de l’Université de Grenoble, France.

L’éolien et le solaire offshore flottants
Énergies renouvelables
08 juillet 2022
9 min
floating offshore wind and solar

La technologie flottante est une tendance dans le monde des énergies renouvelables. Nous en examinons les moteurs et découvrons comment Nexans contribue à faire du rêve de l’éolien offshore flottant – et du solaire – une réalité.

La production d’énergie éolienne en mer a connu une croissance considérable au cours de la dernière décennie. La capacité offshore mondiale atteint désormais 35 GW, soit près de neuf fois plus qu’en 2011. Une capacité offshore supplémentaire de 235 GW est attendue d’ici 2030, portant le total mondial à 270 GW.

Un vent de changement

La technologie des turbines a fait d’énormes progrès depuis l’apparition des premiers parcs éoliens dans nos océans, il y a plus de vingt ans. Les turbines d’aujourd’hui sont plus grandes et plus efficaces que jamais, avec des diamètres de rotor de plus de 200 mètres et des puissances de 10 MW et plus. Ces progrès ont joué un rôle essentiel dans la baisse du coût de l’éolien offshore.

Presque toutes les éoliennes offshore existantes aujourd’hui dépendent de fondations fixées sur le fond, qui constituent une bonne solution dans les eaux relativement peu profondes – jusqu’à 60 mètres de profondeur. Ces fondations sont des semelles en acier et en béton qui fixent la structure de l’éolienne directement au fond de la mer.

La grande majorité des océans et des mers ont des eaux dont la profondeur dépasse 60 mètres – et c’est là que l’on trouve les vents les plus forts et les plus constants. En Europe, par exemple, 80 % des ressources éoliennes se trouvent dans des eaux d’une profondeur de 60 mètres ou plus. Les fondations conventionnelles ne sont pas rentables dans ces situations. Il existe donc de vastes zones où les ressources éoliennes sont inexploitées.

De nouveaux horizons pour l’éolien offshore

Les éoliennes flottantes permettent de surmonter le problème des fondations en eaux profondes. Au lieu d’être ancrées au fond de la mer, les turbines sont montées sur une sous-structure flottante qui est attachée par des lignes d’amarrage et des ancres.

Tout cela change la donne pour l’éolien offshore. Au lieu d’être limitées à une profondeur de 60 mètres, les turbines flottantes peuvent être déployées dans des eaux allant jusqu’à 1000 mètres de profondeur – et potentiellement beaucoup plus.

Cela offre un potentiel intéressant pour étendre la portée géographique de l’éolien offshore. La partie nord du bassin de la mer du Nord en est un exemple. La profondeur des eaux y dépasse généralement de loin les 60 mètres, ce qui les met hors de portée des fondations conventionnelles.

Hywind Scotland au Royaume-Uni – le premier parc éolien flottant au monde – illustre ce qui peut être réalisé. Situé à environ 30 km au large des côtes dans des eaux pouvant atteindre 120 mètres de profondeur, Hywind est en service avec succès depuis 2017. Hywind présente le facteur de capacité le plus élevé de tous les parcs éoliens du Royaume-Uni : en 2020, il a établi un nouveau record britannique en atteignant un facteur de capacité moyen de 57,1 %. À titre de comparaison, la moyenne de l’éolien offshore au Royaume-Uni est d’environ 40 %.

La technologie de l’éolien flottant devrait avoir un impact bien au-delà de la mer du Nord, notamment dans les régions où la mer est très profonde et très proche du rivage. Citons par exemple le bassin méditerranéen, la côte ouest des États-Unis, la Corée du Sud et le Japon, qui disposent tous d’énormes ressources éoliennes en mer qui ne demandent qu’à être exploitées. L’éolien flottant peut également être déployé dans des eaux peu profondes où les conditions du fond marin empêchent l’utilisation de fondations conventionnelles.

Faire de l’éolien flottant une réalité

Actuellement, l’éolien flottant ne représente que 0,1 % du total de l’éolien en mer. Mais cette situation est appelée à changer. Les prévisions du Conseil mondial de l’énergie éolienne suggèrent que d’ici 2030, l’éolien flottant pourrait représenter 6,1 % de toutes les nouvelles installations, avec une capacité ajoutée estimée à 16,5 GW au cours des dix prochaines années. Des technologies robustes et rentables sont la clé pour atteindre cet objectif.

L’un des grands défis techniques de l’éolien offshore flottant est l’exportation de l’électricité qu’il produit. Trois facteurs entrent en jeu. Premièrement, les câbles reliant les parcs éoliens à la côte sont plus longs, car les turbines sont généralement situées plus loin en mer. Deuxièmement, les niveaux de puissance à gérer augmentent avec la taille des turbines. Troisièmement, et c’est le plus important, des câbles dynamiques sont nécessaires. Ils doivent être capables de s’adapter aux mouvements de la structure flottante causés par les courants, les marées et le vent. La résilience est essentielle.

Des câbles dynamiques plus intelligents

L’expérience de Nexans en matière de systèmes de câbles sous-marins haute tension et de câbles dynamiques en fait le partenaire idéal pour le développement de l’éolien flottant. En effet, Nexans a fourni des câbles dynamiques pour les projets d’éoliennes flottantes Hywind Demo et Hywind Scotland. L’expérience de l’entreprise a des racines profondes : Nexans a développé son premier câble dynamique en 1983.

Aujourd’hui, l’innovation se poursuit. L’accent est désormais mis sur le développement de câbles dynamiques HT capables de supporter une puissance et des tensions plus élevées que jamais. Cette nouvelle génération de câbles sera plus légère et plus souple que les câbles sous-marins traditionnels. Ils seront également plus intelligents, grâce à l’intégration d’éléments en fibre optique permettant une surveillance en temps réel – fournissant des informations essentielles sur les différents paramètres des câbles et garantissant des années de fonctionnement fiable.

Éoliennes flottantes : Les gratte-ciel de la mer

Dans cet épisode de What’s Watt, Frédéric Lesur et Maxime Toulotte, nous présentent les tenants et les aboutissants des éoliennes flottantes. Comment elles sont installées, comment elles produisent de l’énergie et quelle quantité d’énergie elles peuvent générer à partir des vents marins. Préparez-vous à affronter de fortes rafales, car vous risquez d’en prendre plein les yeux.

L’énergie solaire flottante en mer

L’énergie solaire flottante à l’échelle industrielle est l’une des technologies renouvelables qui connaît la plus forte croissance. Des panneaux photovoltaïques sont montés sur des radeaux ancrés en pleine mer et des câbles sous-marins acheminent l’énergie vers la terre.

L’aspect le plus difficile du projet du point de vue du câblage est la gestion de la charge dynamique, causée par le mouvement de la plateforme en réponse au vent, aux vagues et aux marées. Nexans utilise un câble tripolaire d’un type éprouvé dans les parcs éoliens offshore et les installations de pisciculture. Le câble de 5 km est fabriqué dans notre usine de Rognan en Norvège.

L’intérêt de l’énergie solaire flottante est qu’elle élargit considérablement la surface disponible pour l’installation de panneaux solaires, sans qu’il soit nécessaire d’acquérir des terrains. La croissance du secteur de l’énergie solaire flottante est forte. Près de 10 GW de nouvelles capacités flottantes devraient être déployées d’ici 2025.

Maxime Toulotte

Auteur

Maxime Toulotte est à la tête du département de marketing technique du groupe d’activités Subsea and Land Systems (SLS) de Nexans, où il est responsable du développement et de l’entretien des relations avec les départements techniques et ingénierie des clients et partenaires du Groupe dans le secteur des câbles haute tension sous-marins.

Maxime a occupé différents postes de responsable des ventes et des appels d’offres ou encore d’ingénieur en chef sur des projets de câbles HT sous-marins.

Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en génie électrique de Grenoble INP.